Souffrance

Comment arrêter de ressasser le passé pour éviter la souffrance ?

Ceci est une question sur la résilience. La résilience se pose justement cette question. Avant, quand on avait un malheur dans la vie, on pensait que l’on était perdu et que ce n’était pas la peine de s’en occuper. Et effectivement, puisqu’on ne s’occupait pas des gens, beaucoup était perdu en effet.

Et puis, la notion de traumatisme était difficile à penser. On pensait que c’était le mauvais œil. Ensuite on a pensé que c’était le bouc émissaire, un sorcier. Et ensuite que c’était les femmes sorcières, des gens de mauvaises qualités et donc on ne peut pas s’en remettre.

Ce qui a changé ?

A partir de 1982, la manière de poser la question a complètement changé. C’est-à-dire que c’est grâce à Emmy Werner, psychologue américaine, qui va à Hawaï s’occuper de plusieurs centaines d’enfants sans famille et d’enfants des rues. Trente ans après, 60/100 de ces enfants effectivement sont fracassés.

Ce qu’on peut comprendre sans peine mais étonnamment, 28/100 ont appris à lire et à écrire sans école, ont appris un métier et fondé une famille. Et quand Emmy Werner en fait un examen psychologique, ils ne sont pas plus névrosés que les autres.

Microsoft Word – LE CONCEPT DE RESILIENCE ( 5 Pages – Ko).docx (psychaanalyse.com)

C’est elle qui a fait le travail le plus démonstratif. Quand certains malheurs arrivent, quel qu’en soit la cause, comme par exemple une agression physique, violence conjugal, c’est souvent la souffrance.

Que faire quand un malheur arrive ?

Quand un malheur arrive, il ne faut pas se précipiter pour juger. Il faut prendre sont temps. Parce que quand on se précipite, on prend toujours les mauvaises décisions. On prend son temps et quand on prend un peu de recul, on se dit.  » Quels sont mes facteurs de protection ? Qu’est-ce qui marche bien en moi ? Est-ce que je suis capable de bien m’exprimer ? De retrouver mes émotions ? « 

Aller chercher celui ou celle qui pourra vous aider. Le seul moyen de ne pas s’en sortir c’est la solitude qui aggravera la souffrance.

Quels sont les facteurs de protection ?

Alors les facteurs de protection sont donc l’aptitude à la parole, l’acquisition d’un diplôme pas forcément polytechnique, mais un diplôme suffisant pour apprendre un métier et se débrouiller dans la vie. Voilà, ça se sont les facteurs de protection. On en fait le compte et on les évalue. Si les facteurs sont bien mis en place, on peu prédire que la résilience sera facile à déclencher.

Il suffit d’une rencontre, d’une réflexion et d’une action. A l’inverse, certains d’entre nous ont acquis un facteur de vulnérabilité. Ils ne savent pas parler, n’ose pas s’exprimer. Ils ont une famille instable, un entourage difficile. Ils ont des diplômes qui leur permettent seulement d’avoir des métiers ingrats, difficiles. Et s’ils sont seuls, se laissent isoler, on peut dire que la résilience sera difficile et la souffrance va perdurer.

Mais difficile ne veut pas dire impossible. Cela veut dire qu’il faudra travailler plus. Et dans ce cas, il faudra chercher, réfléchir à la manière du pourquoi on a été traumatisé. Pourquoi on est blessé ? Ce qui blesse l’un ne blesse pas le voisin. Et il faudra distinguer entre les traumatismes aigus comme par exemple l’agression physique et les traumatismes insidieux. Et ces traumatismes là sont plus difficiles à évaluer.

Quels sont les traumatismes insidieux ?

Alors, on ne les voit pas venir. Ce sont les insultes quotidiennes, la rupture régulière des gens qu’on aime, l’isolement. Et là, il faudra réfléchir à ces traumatismes insidieux qui fait que l’on se sent mal sans savoir pourquoi. Parce qu’on s’est laissé piégé. On a pas chercher à comprendre. Et le travail consistera à chercher à comprendre ce qui nous a progressivement déchiré et pourquoi la souffrance s’installe en moi.

Soutien et sens

Et là, il y a deux mots clés. Soutien et sens. Soutien, ça peut être quelqu’un avec qui on a du plaisir à parler. Cela peut être le conjoint, notre mère. Pour les filles, c’est souvent la meilleure amie. Alors que les garçons, c’est un groupe de copains, un professionnel ou sportif. C’est quelqu’un qui nous sécurise. Pas forcément quelqu’un de glorieux mais qui vous sécurise. Si c’est trop difficile, cela peut être un psychothérapeute.

Après le soutien, le sens. C’est le travail de la parole. On a le droit de se tromper. On va raturer, recommencer, et c’est ce travail de la parole qui est important. Dès l’instant que l’on s’adresse à quelqu’un, que l’on fait l’effort de parler ou d’écrire, on fait un travail de sens. Et quand on donne du sens à notre malheur, on est étonné de voir à quel point on le supporte moins douloureusement.

Alors c’est possible, c’est difficile. Cela devient intéressant parce que quand on découvre qui on est, comment on fonctionne, on sait qu’on peut faire quelque chose de notre souffrance. Et on peut déclencher un processus de résilience.

Comment surmonter ses souffrances au quotidien ?

Alors, il n’y a pas de biographie sans souffrance, sans angoisse. Parce que nous restons humain, on est ainsi fait. On peut se cogner, se blesser. Tous les enfants connaissent cette expérience de la douleur, mais c’est de la douleur et non la souffrance. La souffrance, c’est surtout ce que l’être humain se représente. On peut souffrir du coup que l’on a reçu, on a été frappé ou on s’est cogné, on s’est cassé la jambe.

Et on peut souffrir une deuxième fois de la représentation du coup qu’on a reçu. Pourquoi il m’a fait ça ? Pourquoi je me suis mal défendu ? Pourquoi on m’a abandonné ? Pourquoi je me suis laissé isolé ? Et là, on se remet à souffrir et à ruminer. C’est-à-dire qu’on aggrave la souffrance.

On va souffrir du coup que l’on a reçu et si on rumine, on l’entretien. On le révise, on l’inscrit dans notre mémoire. Et on est de plus en plus mal parce que tout ce que l’on perçoit évoque la souffrance. On ne pense qu’à ça et la nuit, ça revient sous forme de cauchemar et le matin, on se réveille fatigué.

C’est pour ça qu’il est tout à fait important d’agir, de faire des actions de façon à ce que l’action nous fatigue physiquement, pour que le sommeil soit réparateur. Si on ne le fait pas, on va se réveiller fatigué.

L’angoisse est un danger invisible

C’est dans notre condition humaine. Quand un bébé arrive au monde, il a toujours des angoisses d’abandon. Mais si dans l’enfance il a été sécurisé, les angoisses d’abandon vont vite s’associer à. D’abord j’ai peur que l’on m’abandonne mais je sais qu’on va vite me secourir. Quelqu’un de familier va vite me secourir.

Et dans ce cas là, on sait à qui il faut s’adresser pour se faire aider. Je le répète, ça peut être un conjoint, ma meilleure amie, un sportif, un groupe de copains. On n’est pas guéri d’un seul coup, ce n’est pas magique. Mais chaque jour, on va faire un petit progrès et moins ruminer, moins entretenir la souffrance, la douleur de la blessure et on se sentira mieux.

L’empathie

C’est-à-dire s’intéresser à l’autre même si on souffre. Moi, je souffre comme ça mais vous, comment faites-vous quand vous souffrez ? Comment vous êtes vous développé ? Quels sont vos facteurs de protection ? Il n’y a pas de surhomme. On a tous acquis plus ou moins des facteurs de protection ou de vulnérabilité. Ce qui compte, c’est de les analyser de façon à pouvoir combattre la vulnérabilité et renforcer la protection. Et le développement de l’empathie, s’intéresser à l’autre malgré nos souffrances est un excellent protecteur.

Faites du sport

Le sport est un excellent tranquillisant. Plusieurs kilomètres de marche à pied vaut n’importe quel tranquillisant. Lorsque vous marchez, notre physique sécrète des endorphines naturelles. C’est nos muscles qui les sécrète et on est étonné qu’après une marche à pied, on prend une douche et on se sent mieux. Quand on fait plusieurs kilomètres dans la journée, on ira mieux et le sommeil sera réparateur. Si vous ne faites pas de jogging, faites de la marche à pied. Mais le jogging bien sur à le même effet.

Cherchez à comprendre

Et puis la réflexion est tout à fait importante. C’est-à-dire qu’avec des escarmouches, on cherche à comprendre. On prend du recul face à la souffrance. On est moins prisonnier de la douleur, on rumine moins. D’où la nécessité de comprendre ce qui est arrivé. Pas tout seul, avec quelqu’un qui vous sécurise. Voilà ce que j’ai compris et qu’est-ce que tu penses de ce que j’ai compris ?

L’autre sera d’accord ou pas, ça n’a aucune importance. Ce qui compte, c’est de travailler, élaborer. Moi, je pense que c’est ça qui m’a blessé, toi, tu penses autrement. On n’est pas d’accord, ça n’a aucune importance. Alors, explique-moi.

Alors là, c’est le deuxième facteur. Le premier fondamental est l’affection. Il faut chercher quelqu’un qui nous sécurise. Les trois facteurs de protection accessible et les plus efficace est l’affection, chercher quelqu’un qui nous sécurise, la réflexion, apprendre à parler, travailler la parole pour donner un sens et l’action. Quelque soit l’action, que ce soit un jogging, une marche à pied ou repeindre les murs de sa chambre.

Comment retrouver confiance en soi ?

Alors là, c’est une question fondamentale. La confiance en soi nous est donné ou ne nous est pas donné par la petite enfance. Quand on a été bien sécurisé, on a le plaisir d’explorer parce qu’on a confiance en soi. Quand il y a un malheur autour de nous et qu’on est malheureux et déprimé, on cherche en soi qu’est-ce qu’il ne va pas. « Je suis mauvais, je n’y arriverais pas » et on aggrave la situation. Alors qu’en fait, cette confiance en soi nous est donné ou ne nous est pas donné.

Or dans la première enfance, ça nous est donné. Si notre mère a été heureuse par son mari, ses études, son métier. Par sa famille, sa culture, elle nous communique son bonheur et nous donne la confiance en nous. Dès qu’on a confiance en soi, on a le plaisir d’explorer, continuer à apprendre. On peut explorer en lisant un blog ou un livre. Surtout, on peut explorer en rencontrant des gens et en leur parlant du livre qu’on a lu. On sera souvent pas d’accord, c’est bien. Parce que si on n’est pas d’accord, il faut argumenter et non pas sortir les couteaux.

Argumentez

Et le simple fait d’argumenter fait qu’on tisse un premier lien de l’attachement. Et ça permet justement que chaque jour, petit à petit, tricoter le processus de résilience en construisant, en acquérant des facteurs de protection. Par la parole, l’empathie, le décentrement de soi pour explorer le monde mental de l’autre. « Je réagis comme ça et toi, tu réagis comment ? Expliquons- nous ».

Tu as lu ce livre comme ça, moi, je l’ai compris comme ça et toi, tu l’as compris autrement. Expliquons- nous. Et on voit à ce moment là qu’un lien s’établit. Un désaccord, ce n’est pas grave. Parce que si on est toujours d’accord, on finira par ne plus parler puisqu’on est toujours d’accord. Alors que si il y a un petit désaccord amical, affectueux et bien on va s’expliquer et faire le travail de la parole.

Donc la confiance en soi se gagne par de minuscules et minuscules progrès. « Tiens! j’ai réussi à dire ce que je pense, j’ai réussi à dire que je ne suis pas d’accord avec lui ou avec elle ». Donc c’est un entraînement verbal, psychologique. Comme ce que je disais tout à l’heure, il y a un entraînement physique pour le jogging ou la marche à pied.

C’est-à-dire que là, c’est petit à petit, phrase après phrase qu’on construit la confiance en soi. Cela se tricote, phrase après phrase, rencontre après rencontre. Cela veut dire que si on est seul, on est sûr de ne pas tricoter sa résilience. Donc on est sûr de ne pas s’en sortir. Et la confiance en soi se gagne par un entraînement physique. Geste après geste, mot après mot.

Où exercer la confiance en soi ?

Comme pour une marche à pied, il faut faire un trajet dans la ville, marcher dans un sentier de montagne ou faire un trajet pour son jogging, et bien là, c’est pareil. Il faut chercher un lieu de parole. « Où vais-je pouvoir parler? Avec qui vais-je pouvoir parler? ». Et là, je vais m’entraîner à faire une phrase puis une autre.

Alors, on peut s’engager dans une association bénévole. Il y a énormément d’associations qui sont nécessaires, utiles. Et souvent beaucoup de gens qui désormais ne sont plus seuls, et rencontrent des gens dans l’association. Il suffit qu’il y en ait une seule avec qui on se sente en sécurité et qu’on ait envie de parler. Une seule personne suffit.

On ne peut jamais aimer et être aimé par les 30 personnes de l’association, c’est évident. Une seule suffit. On bavarde du quotidien autour d’un café ou sur quelque chose qu’on a fait, ça suffit pour déclencher un processus.

On peut s’engager dans un club sportif, un atelier de dessin, d’écriture ou de musique. Ou s’exercer au dialogue conscient. https://acaryameditation.com/events/retraite-silencieuse-29/.https://acaryameditation.com/events/journee-de-dialogue-conscient/

S’engager par le sport

C’est-à-dire que c’est l’occasion d’un engagement qu’on va pouvoir travailler et enclencher le processus de résilience. Alors, il peut y avoir des clubs de marche, de montagne, de jogging. Mais quand on s’engage par le sport, je crois qu’il est nécessaire de faire des sports de petits niveaux. Renoncez à la médaille d’or aux jeux olympiques. Vous ne l’aurez pas et moi non plus.

En revanche, qu’est-ce qu’on se sent bien avec le sport de petits niveaux. On ne sait pas pourquoi on se sent bien mais les biologistes vous diront que c’est parce qu’on a éliminé le sucre, la graisse et on va augmenter la sécrétion naturelle d’endorphines qui sont des tranquillisants naturels.

Alors, ces petits exercices quotidiens nécessitent de ne pas mettre la barre trop haute. Parce que si on met la barre trop haute, on va se décourager. Et si on fait trop d’efforts, on va se flanquer une dépression et un épuisement. Donc ne mettez pas la barre trop haute, ne pas vouloir acquérir un bon résultat tout de suite. Faire un exercice de petit niveau, un engagement verbal amical de petit niveau.

Tenir un journal de ses progrès

Chaque soir, je prends un journal. « J’ai réussi à ne pas être d’accord, à faire rire quelqu’un ». L’humour est un précieux facteur de protection. « J’ai réussi à sourire, à bavarder ». Mettez la barre très bas et tricotez petit à petit. Et chaque soir tenir son journal de progrès. Et on constate à ce moment là que le premier et le deuxième soir, il n’y a pas de progrès évidemment. Mais au bout de quinze jours ou au bout d’un mois, en relisant son journal de progrès, on se rend compte que finalement on a fait pas mal de progrès.

Et on reconstruit la confiance en soi qu’on avait perdue par un accident de la vie ou parce que notre mère était malheureuse et n’a pas su nous donner la confiance en soi. Parce qu’on a eu un malheur, on a été blessé douloureusement. Et ça dans la vie, ça ne manque pas. Donc voilà, c’est dans la condition humaine. A ce moment là, on constate que petit à petit, semaine après semaine, on est étonné de faire de petits progrès.

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